Et oui, chacun a ses vices...j'aime, à l'occasion, me transformer en groupi (sans "e") de Michael Jackson. Hier soir, je me suis donc dirigé vers le Grand Rex, où était projeté This is it, dernière occasion pour les producteurs de se faire du blé grâce aux talents de la créature.

Je m'attendais à rencontrer une foule de fans, le chef couvert du célèbre Fedora. Ouais. Dans la file, papas, mamans, petites filles, couples trentenaires, adolescents et mammys (qui sont venues en nombre, ça fait peur) s'égrènent sur une trentaine de mètres. Je les considère. Mon pote, solennel, me fait : "C'est ça Michael Jackson, on ne laisse personne de côté!" Ouais. Ambiance du Dimanche donc. Par pour les ouvreurs, en costard et survoltés au moment de vérifier les billets. Concentré, suant, mais courtois, l'un d'eux me laisse passer en lâchant un "Allez-y Monsieur, passez une bonne soirée" tendu et à peine articulé. Mike Tyson à Las Vegas, c'était petit joueur. Ici c'est Paris, et ce soir Michael Jackson va rocker la capitale...sur un écran.
Je me demande si l'importance des évènements "culturels" ne se mesure pas au degré de sudation des ouvreurs.
J'oublie bien vite ces considérations hautement métaphysiques pour chercher une place dans la salle au plafond constellé d'étoiles. Après avoir fait trois fois le tour de la salle, et m'être entendu dire "faut pas rester debout c'est pas bien d'être debout" sur un mode toujours aussi excité, je me résigne à m'installer sur un strapontin merdique.
A côté de moi, deux grands-mères grignotent et papotent sous une couverture, un couple a carrément emporté les oreillers et s'apprête à se rouler des pelles sur Heal the world. Je peste en silence contre les grands-mères qui occupent les bonnes places. Est-ce que je vais aux concerts d'André Rieu moi?
Bon, ça commence et MJ apparaît à l'écran. La moitié de la salle pousse des cris hystériques. En haut les "vrais", qui ont patienté toute l'après-midi pour être bien placés. En bas, les familles.
Cette scission ne durera pas, car au fil du film Papa et Maman vont se laisser gagner par la fièvre, et se mettront, eux aussi, à applaudir allègrement les prouesses de l'écran 21/11 et du son Dolby Digital/DTS. Mes mammys sont enchantées par les tablettes des danseurs et émettent des petits "ho ho!", mon couple s'échauffe pour Heal the world. Le film est pas mal.
Après les "woohoo" lancés pour saluer la fin et le message de paix avec les ours blancs de Michael, les fans sortent et se dirigent vers le KFC le plus proche pour finir en beauté une si agréable soirée.
Je souris, pris de tendresse devant le spectacle de la plate inconséquence de l'Homme. J'ai l'impression qu'on la perçoit mieux à Paris, où elle est amplifiée par le nombre d'habitants.
Satisfait de mes profondes réflexions, je rentre, et m'endors avec Smooth Criminal dans la tête.