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Perles égrenées

  • 04/11/09 Deux papys dans le métro : "t'es un citoyen comme tout le monde! crie l'un fou de rage à l'autre, mon père a fait 39-40, c'est pas pour me faire emmerder par des branleurs!" L'autre, qui n'a plus assez de dents pour se faire traiter de branleur, marmonne un "ferme ta gueule connard!" de toute beauté, l'invite à le rejoindre sur le quai où il est descendu. Le premier descend : "Quoi? tu crois que j'ai peur de toi?" sur un ton qui se voulait agressif. Les portes du métro se referment, les gens sont pliés de rire.
  • 29/10/09 Tagué dans le métro : "Nik ta mère la pute si t'es une pute." Et l'existentialisme dans tout ça?
  • 22/10/09 Une boulangère à un client : "Tiens ta baguette chéri, elle est bien chaude comme moi!" Silence du vieillard, sourd, ou simplement gêné. L'autre renchérit : "Même moi elle me fait envie, elle est longue et dure..." La classe.
  • 15/10/09 Un Russe bourré à l'arrêt Pyrénées : "Euh...bus...jjncdf" (il baragouine un truc incompréhensible). "Nation?" lui répond le type assis près de moi. "Non...pas parler russe? Allemand? Italien?" Devant la perplexité du Français, le Russe devient fou de rage : "Quoi ça?? Pas parler rien?! Putain français!! Parler d'abord russe, allemand, italien!" L'autre, un peu effrayé devant ce taré, lui répond : "espagnol?" Le russe, indigné, crache par terre : "Quoi ça espagnol? Tffou espagnol!!" Rouge de colère, il redevient subitement calme en voyant le pauvre Français sortir une clope. "Cigarette pour moi?" lui demande-t-il sur un ton doucereux. Y'en a qui doutent de rien quand même...

Membres

Non. Ce blog n'est pas un guide touristique de plus. Parce que Paris n'est pas faite de papier glacé, je partirai à la découverte de la forêt que cachent les monuments. Je suis assez fier de cette dernière phrase, vague, et poétique (si si)...comme Paris. Et comme le disait Charles Trenet : "Le coeur de Paris, c'est une fleur, Une fleur d'amour si jolie". Ou pas.
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Le dernier des bouffons


Dégustant une petite blanquette de veau aux "Charpentiers", vers Odéon-St-Michel en ce frigorifique dimanche de décembre, ma mastication s'interrompt à l'entrée d'un vendeur de journaux. Moi qui croyais que les vendeurs de rue n'existaient que dans les vieux films et les Tintins!

"Le JDD est arrivé!" crie-t-il, "Johnny s'est réveillé!". Ah. "Johnny s'est réveillé! Laeticia souffre!" et fier de sa formule, il la répète une quinzaine de fois, rapidement et dans l'urgence, comme si la nation entière attendait cette nouvelle capitale, et qu'il lui fallait la délivrer aux quatre coins du pays.
Etonné de la passivité des serveurs, je me tourne vers mon voisin, visiblement un habitué : "C'est qui lui?
- Lui, c'est Chico, me répond-il, le dernier vendeur de journaux à la criée de Paris! Il a déjà écrit deux bouquins!"
J'observe le phénomène, qui parvient à vendre la moitié de sa pile.
Je m'interroge : Pourquoi les bourgeois de ce restaurant , au lieu de leur réaction épidermique habituelle envers les gêneurs, ont plutôt l'air de s'enthousiasmer pour ce type un peu loufoque? La une du JDD ("Johnny s'est réveillé", on l'aura compris...) ne peut pas justifier cet intérêt, surtout de la part d'un tel public.
Alors Chico? bouffon pour bourgeois du dimanche déguisé en dernier des mohicans? Ou authentique espèce menacée, obligée de faire le bouffon pour bourgeois pour survivre?
Moi-même amusé de l'entendre débiter son "Johnny s'est réveillé! Mais Laeticia souffre!", je fais taire ma petite voix, et me marre franchement.
Après tout, c'est agréable un bouffon...

Après quelques lectures, je modifie ma problématique : Chico : bouffon? ou au top de la mode?






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Les dévots de Bacchus

Ligne 6. Un dimanche soir. Les gens s'apprêtent à rentrer se coucher et la perspective d'un nouveau lundi ne rend pas tout ce petit monde joyeux. Glacière. Deux types, guitares et bouteilles à la main rentrent en trombe dans la rame. Visiblement bien entamés, ils chantent et poussent des grognements. L'un des deux crie même "Allez! Viens! on va se faire un blouson de métro!". Les gens, vaguement inquiets, se retournent puis se calment à la vue du petit homme agressif mais chétif. Finalement il se ravise, et se met à jouer de l'harmonica, se disant sans doute que c'est moins dangereux. L'autre, qu'on avait pas trop entendu jusque-là, tire sa guitare et se met à baragouiner un truc vaguement espagnol. Puis il se met à gueuler-chanter d'une voix rude et gutturale, une voix d'ivrogne quoi. Et, ô surprise, cette voix si originale, cet espagnol si pittoresque, ces instruments si bien joués forment un ensemble assez harmonieux. On en redemanderait presque. Certains voyageurs retrouvent le sourire, d'autres rient et la plupart applaudissent. C'est émouvant, au moins autant qu'un film du dimanche soir. Voir une vingtaine de personnes soudainement joyeuses dans le métro, ça n'a pas de prix. La sortie fracassante des deux compères non plus. L'ivrogne génial s'étale sur le quai avec sa guitare, et conclut ainsi superbement une prestation étonnante, où se mêlent le vin, l'art, et l'image de la condition humaine...


J'aurais aimé ne pas avoir à autant écrire, mais je n'avais pas mon appareil sur moi, pas de vidéo donc...

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Espèce protégée

Ah le pilier de bar! Véritable institution, il est trop souvent marginalisé par ses lieux de prédilection auxquels le commun des mortels n'ose se compromettre : les PMU.

Paris, qui se plaît parfois à mêler les genres, fait pourtant se croiser cet honnête citoyen et quelques étudiants au moment de cette grand' messe nationale : les happy hour.
Mal rasé (vraiment, pas à la Georges Clooney), la figure rougeaude, il vous aborde soudainement, heureux de rencontrer des partenaires de soulographie. Souvent présent depuis trois jours, il a en effet pris l'habitude de converser avec les meubles qui sont devenus ses meilleurs amis. Bien décidé à ne pas laisser passer l'occasion il répond "une tournée pour mes nouveaux meilleurs amis" au barman qui lui a demandé pour la quinzième fois de laisser les gens tranquilles, sur le ton de celui qui sait qu'il perd son temps.
En fait, le pilier veut impressionner le nouveau venu, le pied-tendre, lui faire comprendre qu'il a encore du travail avant de parvenir à son niveau. Il l'étourdit alors de lieux-communs, qui en contredisent d'autres, de théories de complot international et de formules bizarres destinées à déstabiliser l'inconscient qui s'est pris au jeu et qui, de fait, ne peut que rester silencieux après un "je suis un sarkozyste soixante-huitard"...
Lointain cousin du neveu de Rameau, impénitent bavard et rieur, le pilier est toujours sympathique, quoiqu'un poil relou. Il est la dernière grande figure rabelaisienne d'une France qui s'aseptise. Hommage.

Un soir de novembre, dans un bar du 18ème. Merci à Jean pour l'avoir fait parler!

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J'étais à THIS IS IT

Et oui, chacun a ses vices...j'aime, à l'occasion, me transformer en groupi (sans "e") de Michael Jackson. Hier soir, je me suis donc dirigé vers le Grand Rex, où était projeté This is it, dernière occasion pour les producteurs de se faire du blé grâce aux talents de la créature.

Je m'attendais à rencontrer une foule de fans, le chef couvert du célèbre Fedora. Ouais. Dans la file, papas, mamans, petites filles, couples trentenaires, adolescents et mammys (qui sont venues en nombre, ça fait peur) s'égrènent sur une trentaine de mètres. Je les considère. Mon pote, solennel, me fait : "C'est ça Michael Jackson, on ne laisse personne de côté!" Ouais. Ambiance du Dimanche donc. Par pour les ouvreurs, en costard et survoltés au moment de vérifier les billets. Concentré, suant, mais courtois, l'un d'eux me laisse passer en lâchant un "Allez-y Monsieur, passez une bonne soirée" tendu et à peine articulé. Mike Tyson à Las Vegas, c'était petit joueur. Ici c'est Paris, et ce soir Michael Jackson va rocker la capitale...sur un écran.
Je me demande si l'importance des évènements "culturels" ne se mesure pas au degré de sudation des ouvreurs.
J'oublie bien vite ces considérations hautement métaphysiques pour chercher une place dans la salle au plafond constellé d'étoiles. Après avoir fait trois fois le tour de la salle, et m'être entendu dire "faut pas rester debout c'est pas bien d'être debout" sur un mode toujours aussi excité, je me résigne à m'installer sur un strapontin merdique.
A côté de moi, deux grands-mères grignotent et papotent sous une couverture, un couple a carrément emporté les oreillers et s'apprête à se rouler des pelles sur Heal the world. Je peste en silence contre les grands-mères qui occupent les bonnes places. Est-ce que je vais aux concerts d'André Rieu moi?
Bon, ça commence et MJ apparaît à l'écran. La moitié de la salle pousse des cris hystériques. En haut les "vrais", qui ont patienté toute l'après-midi pour être bien placés. En bas, les familles.
Cette scission ne durera pas, car au fil du film Papa et Maman vont se laisser gagner par la fièvre, et se mettront, eux aussi, à applaudir allègrement les prouesses de l'écran 21/11 et du son Dolby Digital/DTS. Mes mammys sont enchantées par les tablettes des danseurs et émettent des petits "ho ho!", mon couple s'échauffe pour Heal the world. Le film est pas mal.
Après les "woohoo" lancés pour saluer la fin et le message de paix avec les ours blancs de Michael, les fans sortent et se dirigent vers le KFC le plus proche pour finir en beauté une si agréable soirée.
Je souris, pris de tendresse devant le spectacle de la plate inconséquence de l'Homme. J'ai l'impression qu'on la perçoit mieux à Paris, où elle est amplifiée par le nombre d'habitants.
Satisfait de mes profondes réflexions, je rentre, et m'endors avec Smooth Criminal dans la tête.

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Voir Paris et mourir

Cette vidéo me donne raison : Le Paris-Vitrine tient en 10 minutes. Bon je sais je suis de mauvaise foi, mais c'est quand même bien pratique pour défendre mon idée.
Donc profitez-en, vous ne reverrez plus (de mon vivant, sur ce blog) d'images destinées à attirer les touristes japonais et américains qui, il faut bien le dire, nous volent notre ville.