Ligne 6. Un dimanche soir. Les gens s'apprêtent à rentrer se coucher et la perspective d'un nouveau lundi ne rend pas tout ce petit monde joyeux. Glacière. Deux types, guitares et bouteilles à la main rentrent en trombe dans la rame. Visiblement bien entamés, ils chantent et poussent des grognements. L'un des deux crie même "Allez! Viens! on va se faire un blouson de métro!". Les gens, vaguement inquiets, se retournent puis se calment à la vue du petit homme agressif mais chétif. Finalement il se ravise, et se met à jouer de l'harmonica, se disant sans doute que c'est moins dangereux. L'autre, qu'on avait pas trop entendu jusque-là, tire sa guitare et se met à baragouiner un truc vaguement espagnol. Puis il se met à gueuler-chanter d'une voix rude et gutturale, une voix d'ivrogne quoi. Et, ô surprise, cette voix si originale, cet espagnol si pittoresque, ces instruments si bien joués forment un ensemble assez harmonieux. On en redemanderait presque. Certains voyageurs retrouvent le sourire, d'autres rient et la plupart applaudissent. C'est émouvant, au moins autant qu'un film du dimanche soir. Voir une vingtaine de personnes soudainement joyeuses dans le métro, ça n'a pas de prix. La sortie fracassante des deux compères non plus. L'ivrogne génial s'étale sur le quai avec sa guitare, et conclut ainsi superbement une prestation étonnante, où se mêlent le vin, l'art, et l'image de la condition humaine...


J'aurais aimé ne pas avoir à autant écrire, mais je n'avais pas mon appareil sur moi, pas de vidéo donc...